
La Déferlante : du journalisme à l’aventure entrepreneuriale — 4/5
Le premier numéro de la revue a vu le jour en mars 2021 grâce à une campagne de crowdfunding. La Déferlante compte sur sa communauté active et une ligne éditoriale engagée. Rencontre autour du projet de quatre cofondatrices qui ont expérimenté leur première aventure entrepreneuriale.
Notre sérieIls ont lancé leur média en 2021, ils racontent
Les journalistes qui s’allient pour créer un média… On a pensé au duo d’Epsiloon, mais avez-vous entendu parler du quatuor de La Déferlante ? Une newsletter et depuis mars 2021, une revue féministe. À l’origine du projet, Emmanuelle Josse, Marie Barbier, Lucie Geffroy et Marion Pillas. Dans ce quatrième épisode de la série, Perrine Daubas, la directrice exécutive, nous raconte l’aventure de La Déferlante.
Penser une newsletter et une revue papier requiert des compétences diverses et du temps. Quelles questions stratégiques vous êtes-vous posées avant de vous lancer ?
On s’est appuyées sur nos atouts : quatre professionnelles des médias, dont trois journalistes, et un projet ambitieux avec un objectif précis : prendre du recul sur les débats féministes. Au départ, nous devions aller chercher nos premiers lecteurs et lectrices alors on a créé un groupe Facebook pour les gens intéressés par le projet, on est allé chercher notre réseau proche puis le bouche à oreille à pris le relais. Il y a une forte demande sur les sujets qui touchent au féminisme. Le tout était de cartographier notre communauté pour savoir sur quelles personnes nous pouvions nous appuyer afin d’élargir notre audience. Je pense à des figures fortes, des personnalités, que l’on retrouve dans la revue. La question était : est-ce qu’on peut se permettre de proposer un objet de qualité tel que la revue ? Par quels canaux de diffusion devons-nous passer ?

Vous avez lancé une campagne de crowdfunding en novembre 2020, en quoi a‑t-elle été bénéfique ?
Cette campagne participative a été complètement décisive dans le projet. C’est à la fois une manière de tester sa faisabilité, de voir s’il y a une audience possible, et de connaître le noyau dur de notre audience. Le crowdfunding nous a aussi permis de communiquer à un public plus large. L’avantage surtout est qu’il permet de se créer une base de données et de repérer qui sont les donateur·ices les plus important·es et les potentiels futurs partenaires et investisseur·euses.
Aussi, l’apport indéniable de cette campagne réside bien sûr dans sa raison première, le financement, soit environ 260 000 euros. Notre campagne nous a permis de démarrer la première année d’existence de La Déferlante sereinement. Je suis certaine que si nous avons pu vendre plus de 20 000 exemplaires du numéro 1, et atteindre aussi vite la barre des 7 000 abonné·es à la revue papier, c’est en partie grâce à cette campagne de financement participatif.
Si je devais donner des conseils avant de se lancer dans une campagne de crowdfunding, je dirais que cela se prépare. Il faut rechercher ce qui existe, ce qui se fait, et les méthodes qui fonctionnent.
À quel point vous êtes-vous appuyées sur votre communauté ?
Depuis la sortie du premier numéro en mars dernier, nous organisons des événements pour aller à la rencontre de nos lecteur·ices. Il y a les rencontres en librairie qui sont très riches, puisque nous échangeons autour de discussions informelles avec les lecteur·ices et les libraires qui vendent notre revue. C’est un moment où nous pouvons glaner des idées de sujets, où des personnes viennent nous proposer des sujets. Et puis nous organisons des événements en ligne. Là, l’objectif est de toucher une audience plus large. Comme dans la revue, nous invitons des figures connues du féminisme qui, elles-mêmes, ont un impact et touchent leur propre communauté.

Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui voudrait lancer un média ?
Je suis convaincue que la manière dont on s’entoure est une des clefs. Il faut connaître les méthodes qui fonctionnent et les bonnes pratiques. Le papier est un secteur difficile mais on peut lancer un média si l’on va voir les bonnes personnes, des professionnel·les qui peuvent nous conseiller. La Déferlante en est un exemple, les cofondatrices ont défini une ligne éditoriale claire avec une communauté structurée et identifiée mais elles ont pris le temps de bien s’entourer. Il ne faut pas vouloir brûler les étapes et garder une forme d’humilité.
N.D.L.R. : Médianes, le studio, accompagne La Déferlante dans son développement stratégique.
N.D.L.R. : cet article a été édité le 20 janvier 2022, nous y avons notamment ajouté des éléments chiffrés.
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