
Tester son projet : bêta-tester, l’exemple de Brief.me
Laurent Mauriac est le cofondateur de Brief.me, un mini-journal qui décrypte chaque jour l’actualité par email. Économie, science : fort de son succès, l’équipe a lancé de nouvelles thématiques depuis 2015. Leur point commun ? Une campagne de bêta-test pour lancer le projet, évaluer la proposition de valeur et recruter une base d’abonné·es.
Laurent Mauriac est confiant. Le journaliste, qui a fait ses armes pendant 12 ans à Libération avant de cofonder Rue89 puis Brief.me, n’en est pas à son premier lancement. En ce début du mois de décembre 2021, l’équipe s’apprête à envoyer la deuxième édition « test » de la toute fraîche newsletter Brief.science. Une édition plus courte que la première, réalisée par les journalistes scientifiques Morgane Guillet et Imène Hamchiche, après les premiers retours des lecteur·ices. Un questionnaire est également glissé dans l’email, afin de connaître l’avis du lectorat sur des points précis, dont l’ordre des rubriques. Quatre numéros-tests ont été prévus avant le lancement officiel qui prendra place en février 2022.
Comme aux débuts de Brief.me en 2014, l’équipe s’appuie sur une campagne de financement participatif pour lancer sa nouvelle thématique. À la différence que cette fois-ci, la newsletter peut compter sur sa base de 12 000 abonné·es payants et son expérience. En choisissant de financer le nouveau projet, les lecteur·ices s’abonnent pour un an et testent les premières éditions. Mais surtout, ils apportent leur pierre à l’édifice en donnant leur avis directement et peuvent créer un média au plus proche de leurs besoins et de leurs attentes. « Depuis les débuts de Brief.me nous fonctionnons de cette manière : co-construire le média avec les lecteurs et lectrices, que ce soit pour un lancement ou pour nous améliorer », précise Laurent Mauriac.

« Impliquer le lectorat »
Retour en 2015. Le 22 janvier, la première newsletter Brief.me est envoyée. Le format, un email éditorialisé, est alors encore timide dans les médias, mais Brief.me avait vu juste. Durant les six semaines précédentes, Laurent Mauriac et son équipe avaient proposé à 900 volontaires de recevoir les éditions de la newsletter et de donner leur avis. « On en envoyait trois jours dans la semaine puis on se gardait deux jours pour débriefer les réponses. Des éléments ont changé, mais l’idée initiale est restée la même » : un média quotidien envoyé chaque soir par email pour y voir plus clair dans l’actualité.
Les avis des lecteur·ices sont alors recueillis de différentes manières : des retours libres par emails, des questionnaires, parfois des lives. Une bonne pratique de Brief.me à piocher ? Faire réagir la communauté via une question directement intégrée dans la newsletter.
Ce qui est intéressant dans la stratégie de Brief.me tient justement dans sa capacité à recruter, via une campagne de financement participatif, à la fois des lecteur·ices intéressé·es pour lire, pour essayer et pour s’abonner au produit éditorial. Une première communauté, fidèle, qui participe à la construction du projet et qui en sera demain la meilleure ambassadrice du projet.

« Profiter de la version bêta »
Pionnier de la newsletter payante en France, le cofondateur de Brief.me sait de quoi il parle quand il s’agit de lancer un nouveau média. « Une version bêta permet de présenter un produit minimum viable. Il faut avoir en tête que c’est un bon moyen de tester sa proposition donc il faut en profiter. L’idée n’est pas de présenter un produit fini, mais de voir ce qui fonctionne ou non dans notre projet initial ».
Mais finalement, à quoi sert une version bêta si le projet est défini ? « À tester, à voir si sa proposition trouve un écho et si on est en phase avec ce que les lecteurs attendent : comme l’heure de parution, les rubriques, la maquette, la mise en valeur des liens, etc. » Laurent Mauriac souligne également que cela peut être une opportunité pour se lancer sans trop de moyens. La campagne de pré-abonnement est une source de financement immédiate pour le lancement.
Tester, tester, tester. Que ce soit en sollicitant sa communauté en amont du lancement, en créant un numéro 0 ou en mettant en place une campagne de bêta-test, tester son média permet de proposer un projet au plus proche des besoins de ses lecteur·ices. Un moyen de tester la viabilité économique, d’affiner la ligne éditoriale et de tisser un lien de confiance avec sa communauté. On teste ?
Pour aller plus loin
- Cet entretien fait partie de notre série sur le test. Retrouvez d'autres conseils avec l'exemple des Others et leur projet Recto-Verso, la création d'un numéro 0 avec Pauline Dupin-Aymard de la revue Chassez le naturel, l'exemple du projet Asapp du Progrès.
- Pour apprendre à créer votre projet média, étape par étape, vous pouvez consulter nos fiches pratiques.
- Vous cherchez à mener votre campagne de financement participatif ? Suivez-le guide.
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