
Tester son projet : créer un numéro 0, l’exemple de Chassez le naturel
Pauline Dupin-Aymard est la fondatrice de Chassez le naturel. Sur les routes du vin, elle racontait ses aventures sur Internet. Puis, l’envie lui est venue de partager son expérience sur papier. Après la création d’une revue, la baroudeuse nous raconte comment elle a lancé un fanzine, à travers un numéro 0 entièrement fait à la main.
Elle a délaissé son camion et les routes pour une habitation en dur en Alsace. À bord de sa camionnette aménagée, Pauline Dupin-Aymard part en 2018 à la rencontre des vignerons et des vigneronnes du vin nature. Entre séjours et dégustations, Pauline tient un journal de bord : échanges, quotidiens, saveurs, paysages. Sans jargon technique, l’envie lui vient de raconter ces moments et de les transmettre.
Au fil de l’aventure, celle qui se présente comme écrivaine et artiste alimente un site Internet et un compte Instagram pour celles et ceux qui la suivent. Puis lui vient l’idée de faire un objet papier, un carnet de 96 pages, tous les 6 mois. « J’ai toujours aimé le manuel, que ce soit la peinture, l’écriture ». En mai 2019, elle lance alors une campagne de financement participatif pour financer son premier projet, un magazine, et récolte 17 000 euros.
« Quelque chose de spontané »
Un premier numéro sort en juin et sera réimprimé quelques mois plus tard. Un an après, Pauline veut faire quelque chose de plus intimiste, artisanal. C’est alors le fanzine fait à la main qui s’est imposé. « Je le voulais comme un carnet de bord pour partager mes rencontres ».
En avril 2021 est sorti le numéro 0 d’un fanzine limité à cent exemplaires. Faire un numéro zéro à la main et seule, un défi ? « Non j’ai surtout pris du plaisir à le faire, tu ne te mouilles pas vraiment avec un numéro zéro, tu testes surtout un nouveau format. Le numéro zéro en édition limitée est aussi l’occasion de se raconter : je voulais quelque chose de très intime, de spontané, c’est fait à la main, je parle avec le “je”, c’est presque un carnet de notes amélioré ». Une trentaine de pages dans lesquelles on trouve du texte écrit à la plume, des photos, des couleurs, des collages sur ses rencontres, ses aventures sur la route.

Évidemment, cela prend du temps de tout faire à la main, mais « l’avantage c’est que l’investissement se limite à une bonne imprimante ».
Les lecteur·ices viennent pour le format
Pauline compte plus de 9 000 abonné·es sur Instagram, c’est principalement par ce canal qu’elle a communiqué sur son projet de fanzine. Elle peut s’appuyer sur une communauté engagée. « Mes lecteurs sont en grande partie des personnes qui me suivent sur Instagram. Ce sont des gens qui adhèrent au style, qui sont touchés par le format au-delà du vin, ils aiment rencontrer et voyager ».
Les ventes se sont principalement faites via les réseaux sociaux et le bouche-à-oreille, tous les tirages sont partis en quelques jours. « Cela conforte dans l’idée que tester de nouveaux projets répond bien à une demande de certains curieux ».
Penser la partie entrepreneuriale
Une communauté déjà établie aide à la diffusion de son numéro zéro. « L’idée était vraiment de prendre du plaisir à le faire ». Après le succès du numéro 0, Pauline Dupin-Aymard lance, à l’été 2021, un numéro 1 tiré à 150 exemplaires, qui vient compléter la sortie de quatre numéros de revues plus conséquentes. Lui aussi en rupture de stock.
Au-delà du projet artistique et éditorial, il faut aussi penser aux aspects commerciaux, à la diffusion et au modèle économique d’un projet papier, ce qui peut déboussoler. Autodidacte, Pauline a vite relativisé face à cette problématique : « Quand on est pleinement dans la création, il faut apprendre la partie communication, le démarchage, trouver les bons interlocuteurs. C’est évidemment une charge de travail en plus, mais quand on prend du plaisir dans ce qu’on fait, on ne prend pas vraiment cela comme une contrainte ».
Quatre ans après son lancement, beaucoup de kilomètres, de papiers, de pinceaux et de bouteilles de vin plus tard, Pauline Dupin-Aymard poursuit son aventure.
Pour aller plus loin
- Cet entretien fait partie de notre série sur le test. Retrouvez d'autres conseils avec l'exemple des Others et leur projet Recto-Verso, la création d'une campagne de bêta-test avec Brief.me et l'exemple du projet Asapp du Progrès.
- Pour apprendre à créer votre projet média, étape par étape, vous pouvez consulter nos fiches pratiques.
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